Parole incandescente, prophétie d’amour

Textes de : Fadwa Souleimane
Mise en scène : Arnaud Aubert
Scénographie : Hervé Mazelin
Assistante scénographie : Maialen Imirizaldu
Lumières : Estelle Ryba
Musique : Bertrand Lemarchand
Voix enregistrées : Fadwa Souleimane
Avec : Arnaud Aubert, Cécile Brunel, Caroline Deyber, Bertrand Lemarchand

 

Militante pacifiste, égérie de la révolution syrienne, Fadwa Souleimane apparaît comme la véritable voix, figure de la non-violence, contre le régime d’Al-Assad. Alaouite, comme lui, elle se montre comme « l’alaouite-qui-dit-non-à-Assad » pour contredire le cliché qui dit que toute cette communauté,  représentant 10 % de la population syrienne, soutient le régime en place. Sa tête mise à prix, ses compagnons torturés et exterminés, elle était exilée à Paris depuis 2012 pour défendre la liberté et la dignité de ses compatriotes.

Comment réveiller les consciences et se mobiliser face aux dirigeants du monde entier qui ont oublié les valeurs humaines et font passer l’intérêt de leur État avant la vie du peuple ?

Au-delà de la révolution syrienne, Fadwa Souleimane, au nom de tout un peuple, interpelle notre humanité et notre responsabilité. Son chant, au-delà des murs et des frontières, réclame justice et porte l’espérance.

 

« Sel sur blessure
eau sur argile
nous ne sommes que souvenirs
filant à travers le temps. »

Fadwa Souleimane, A la pleine lune, Edition Le soupirail 2014.

 

En hommage à Fadwa Souleimane

 

Le 17 août 2018, la comédienne et poétesse Fadwa Souleimane s’éteignait à l’âge de 45 ans, à Paris. Cette figure de la révolution syrienne, exilée en France en 2012 a payé au prix fort son engagement contre le régime d’Assad et contre toutes les formes de violence et d’idéologies mortifères qui ont abattu son pays et son peuple.

J’ai eu le grand privilège de la rencontrer, pour nous parler de la Syrie en août 2017 lors de rencontres sur la colline Zinzine organisées par le Forum Civique Européen.

Je voulais ouvrir le bal pour qu’ai lieu une scène ouverte pour toutes les artistes présentes à ces rencontres. On m’a soufflé que Fadwa était une poétesse. Je lui ai décrit le canevas de ma performance Déambulations au bord de l’abîme, mêlant la danse le mime et le clown. Quelques minutes plus tard nous étions dans l’amphithéâtre pour nous préparer à une performance originale qui au final ai duré 45 mn.

Je ne connaissais pas Fadwa ou peu, mais on ne reste pas indifférente face à un tel volcan. Quelques mois plus tard elle me rappelait pour me proposer de participer à une  collaboration avec le Théâtre Tanit de Lizieux où elle avait carte blanche .

Elle aurait aimé que nous puissions continuer à faire éclore et se rencontrer nos poésies communes et développer le travail que nous avons présenté l’été 2017. J’en avait très envie aussi et j’ai accepté avec grand plaisir.

Mais la mort l’a emportée au moment où l’on devait se rejoindre à Paris. Abattue par la tristesse j’ai hésité à rejoindre l’équipe du Tanit puis un sursaut m’a fait prendre conscience qu’il me fallait rendre hommage à Fadwa et au peuple syrien .

Raconter notre rencontre artistique pour nourrir l’équipe du Tanit.

Raconter Déambulation au bord de l’abîme pour que cela devienne source d’inspiration.

C’est ainsi que je me suis retrouvée en mars 2017 au Théâtre Tanit pour rendre hommage à Fadwa. Suite à la recherche théâtrale autour de ses textes en mars 2018, la même équipe a continué le travail pour aboutir à la dernière création du TANIT Théâtre en mars 2019.

 

O trônes de papier

ces chemins sont abreuvés du sang de mes frères
ils en sont ivres
et la terre n’oublie pas
elle les préservera
elle les glorifiera
elle les ressuscitera car un grain de blé
une fois semé
donne un épi de sept grains
à l’aspect identique
et au but unique
ô trônes de papier
coupez le grain de sa substance comme vous voulez
appelez-le ivraie si cela vous chante
l’univers qui vous écoute prend note
l’univers protège ses épis. »

 

Fadwa Souleimane, Extrait de « A la pleine lune » Recueil de poésie, éditions Le Soupirail. Remerciements à Emmanuelle Moizan, éditrice.